Problématique

La question de l'usage des médias et des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dans les pratiques des enseignants n'est pas neuve, mais elle y prend de plus en plus de place. Les politiques actuelles de renouvellement d'équipement (Plan multimédia et Projet Cyberécoles) et de formation continue des enseignants au niveau de l'enseignement maternel, primaire et secondaire visent à soutenir l'intégration des TIC dans l'enseignement (TICE). Les objectifs du «Plan stratégique en matière d’intégration des TIC en Communauté française dans les établissements scolaires» vont également dans ce sens.

Durant ces vingt dernières années, les Hautes Écoles et le Ministère de l'enseignement supérieur ont pris diverses initiatives pour former les futurs enseignants (instituteurs et régents) dans ce domaine. Actuellement, leur formation initiale dans ce champ dépend officiellement du cours intitulé «Utilisation de l'ordinateur et apport des médias et des TIC en enseignement» (cf. décret du 7 juin 2001). Ce cours est dispensé aux étudiants de deuxième et troisième années des catégories pédagogiques, à raison de 30 heures par an. Certaines Hautes Écoles ont par ailleurs conservé un cours d'une quinzaine d'heures en première année afin de familiariser leurs étudiants avec l'usage de divers progiciels (ex. traitement de texte, présentation assistée par ordinateur...), et cela malgré la modification du précédent décret en juillet 2003 actant sa suppression.

Cette situation entraîne pas mal de disparités entre écoles, d'autant plus que, jusqu'à ce jour (octobre 2010), il n'existait pas de curriculum de formation pour ce cours et que les professeurs désignés pour le donner devaient alors l'inventer, chacun dans leur coin. Ceci constituait une énorme charge de travail et entraînait le plus souvent de fortes différences entre les enseignements dispensés d'une école à l'autre. En effet, si la liberté académique peut être synonyme de créativité, on ne peut néanmoins négliger le fait qu'un cours doive viser le développement d'un certain nombre de compétences communes chez les étudiants, quelle que soit la Haute École considérée.

C'est entre autres sur base de ces constats (Feyens, 2006) que s'est développé l'axe «curriculum AMTICE» (Apport des Médias et des TIC en Enseignement) du projet HETICE. Son but est de fournir une série de points de repères aux titulaires du cours quant à la mise en œuvre d'un curriculum de formation à ce propos. Pour ce faire, une équipe composée de chercheurs du Centre de Recherche sur l'Instrumentation, la Formation et l'Apprentissage de l'Université de Liège (CRIFA-ULg) et d'enseignants responsables de ce cours dans différentes Hautes Écoles a mis au point un curriculum de formation qui servira de base pour dispenser ce cours.

Par curriculum, on entend la définition des compétences visées chez les apprenants, la spécification de contenus disciplinaires, la proposition de stratégies pédagogiques et la fourniture de ressources didactiques permettant d'atteindre les résultats attendus. On y trouve également des pistes d'activités et de modalités d'évaluation ainsi que des modalités de gestion du curriculum (Demeuse & Strauven, 2006).